Une identité de genre ne se limite pas toujours à une appartenance exclusivement féminine ou masculine. Certaines personnes naviguent entre les définitions traditionnelles, sans s’y conformer totalement.Des termes précis existent pour décrire ces expériences, mais leur reconnaissance demeure récente et leur compréhension encore partielle. Les nuances de ces identités soulèvent régulièrement des questions quant à leur légitimité sociale et à leur visibilité dans les débats publics.
Plan de l'article
Demigirl : comprendre une identité de genre non binaire
Le mot demigirl, qu’on trouve aussi sous la forme de demifille ou demifemme, désigne une identité de genre qui s’ancre en partie dans le féminin, sans y adhérer totalement. Cela ressemble à une position d’équilibre subtile : ni complètement femme, ni extérieure à la sphère du féminin. Le concept de demigenre rassemble justement ces expériences où l’appartenance au genre, ici le féminin, apparaît comme nuancée, partielle, jamais totale. Par contraste, l’hypergenre évoque une identification franche et entière, sans entre-deux.
Loin de ne concerner qu’un groupe restreint, ce terme s’applique aussi bien à des personnes AFAB (assignées femme à la naissance), AMAB (assignées homme) ou AXAB (assignation non précisée). En somme, demigirl ne dépend pas d’un sexe attribué à la naissance, mais dévoile toute une palette de vécus intimes, changeants ou durables, propres à chaque parcours personnel. C’est en août 2010 qu’il a été proposé publiquement sur un forum, avant d’être relayé par la Gender Definitions Masterlist et popularisé par le blog Genderqueerid.
Le drapeau demigirl, imaginé avant juillet 2015, vient illustrer ces nuances : le gris exprime la connexion partielle, le rose fait référence à la féminité, et le blanc reflète l’agenre ou la dimension non-binaire. Ces couleurs traduisent l’émergence d’une communauté longtemps oubliée par le débat public, tout en revendiquant une identité éloignée des normes binaires figées.
En synthèse, voici les éléments à retenir pour mieux cerner cette notion :
- Demigirl : identité reliée à la féminité, mais sans s’y enfermer ;
- Demigenre : toutes les identités connectées à un genre, mais jamais complètement ;
- Drapeau demigirl : couleurs gris (partiel), rose (féminin), blanc (non-binaire ou agenre).
Quels ressentis et expériences partagent les personnes demigirl ?
Les personnes qui se retrouvent dans l’étiquette demigirl parlent pour la plupart d’une connexion partielle à la féminité. Ce rapport n’est jamais figé : chez certaines, la féminité semble ténue ou diffuse, pour d’autres elle se manifeste uniquement selon les moments, les milieux ou l’état d’esprit du jour. Parfois même, le sentiment d’être demigirl fluctue avec le temps, en fonction des relations ou du contexte.
Le vécu corporel et la façon d’exprimer son genre varient d’une personne à l’autre. Plusieurs témoignages font état d’inconfort physique ou de dysphorie de genre; d’autres affirment qu’il n’y a pas de malaise systématique. Beaucoup expriment cependant une tension à devoir correspondre à la féminité attendue, ou à subir la pression du système binaire.
Plusieurs réalités récurrentes traversent les témoignages :
- Se voir comme partiellement fille ou femme, mais pas uniquement ni forcément tout le temps ;
- Connaître des périodes où l’affiliation au féminin s’atténue ou se retire momentanément ;
- Vouloir être pris·e en compte et reconnu·e, sans devoir coller à une définition intégrale du féminin ;
- Faire varier la présentation, les pronoms ou les attitudes selon l’entourage, les lieux ou les moments.
Ce qu’elles ont en commun : refuser d’entrer dans une case rigide, et ouvrir l’espace à d’autres manières de concevoir l’identité de genre, y compris lorsqu’elle ne s’expérimente que partiellement.
Nuances, vocabulaire et différences avec d’autres identités de genre
Le mot demigirl s’inscrit dans le vaste ensemble des genres non-binaires. Il caractérise une identité où l’on se sent en partie féminine, tout en ne s’identifiant pas tout à fait à la condition de femme. Les expressions demifille ou demifemme en français disent la même chose, rejoignant cette famille des demigenres : toutes les identités dans lesquelles la connexion à un genre est partielle et nuancée.
D’autres termes proches existent et méritent d’être mentionnés :
- Demiboy : sentiment d’appartenir en partie au masculin, dans la même logique que demigirl ;
- Deminonbinaire ou demineutrois : connexion partielle au non-binaire ou à un genre neutre.
On oppose fréquemment cette diversité de demigenres aux hypergenres, où l’identification à un genre se vit comme totale, sans nuance.
On croise aussi des personnes qui se reconnaissent dans plusieurs nuances du non-binaire : demigirl, agenre, ou d’autres subtilités. La définition ne s’attache pas au sexe assigné à la naissance, mais au sentiment profond, à l’intime.
Ce vocabulaire s’est construit peu à peu, collectivement. Il accompagne la reconnaissance grandissante d’identités longtemps passées sous silence, et donne la possibilité d’en parler avec plus de précision.
Favoriser l’inclusion : comment mieux soutenir et reconnaître les demigirls au quotidien
Pour que les demigirls se sentent accueillies, il faut accepter l’existence d’une pluralité de chemins, éviter de forcer chacun·e à entrer dans une case préétablie. Prendre en compte le pronom préféré de la personne, adapter les formulaires, instaurer une réelle écoute face aux réalités non-binaires : voilà des actes concrets. À l’école, au travail, dans le secteur de la santé, dans la vie associative, la visibilité des identités non-binaires reste encore parfois fragile.
Le parcours d’une personne demigirl est parfois traversé par le doute, l’incompréhension, ou pire, l’invisibilisation. Le soutien s’ancre dans la reconnaissance de chacun·e, dans le refus du misgendering et l’affirmation de l’autodéfinition, même lorsque le système binaire s’impose partout.
Voici quelques pistes, à moduler selon les milieux :
- Inclure les prénoms d’usage dans les systèmes administratifs et documents ;
- Proposer ou soutenir des espaces de discussion sécurisés autour de l’expérience de genre ;
- Organiser des sessions de sensibilisation ou des formations ciblées pour les équipes RH, éducatives ou médicales, sur les réalités non-binaires ;
- Faire vivre le drapeau demigirl lors d’événements LGBT+, pour plus de représentation.
L’inclusion se façonne pas à pas, à travers des gestes, de l’ouverture, et le choix d’une société qui porte un regard neuf sur la pluralité des identités. Les demigirls tracent leur chemin : leur visibilité gagne chaque jour un peu plus de terrain, dans les mots, dans les espaces collectifs et, surtout, dans notre rapport aux autres et à nous-mêmes.


